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Janvier 2015

La Lettre d'information sur la Migration

Le Migration Policy Centre publie régulièrement sa lettre d'information
pour partager les développements de ses secteurs d’activité

 
 

Dans ce numéro: ÉDITORIAL | La politique migratoire au Centre | CONTENTION – REDIAL | INTERACT
GLMM | Demo-Inde | MISMES | ETEM | Syrianrefugees.eu

 
 

ÉDITORIAL
Par Philippe Fargues, directeur du Migration Policy Centre

L’année 2015 a commencé sous de sombres auspices. Alors que l’Italie venait d’annoncer la fin de l’opération Mare Nostrum, sa marine a dû secourir deux grands cargos chargés de centaines de réfugiés abandonnés par l’équipage en haute mer. L’Union européenne doit ainsi apporter de nouvelles réponses aux nouvelles méthodes utilisées par les passeurs en Méditerranée. Sur un autre front, les attentats terroristes de Paris et ceux qui ont pu être déjoués à Bruxelles ont enflammé les débats sur l’immigration en Europe. Bien que ces crimes commis en Europe par des citoyens européens nés en Europe n’aient rien à voir avec la migration, certains politiciens n’ont pas tardé à désigner l’immigration comme responsable. Pourtant les raisons démographiques, économiques, sociales et culturelles pour lesquelles l’Europe devra rester ouverte aux immigrés sont toujours d’actualité et la réflexion doit continuer sur la relance des politiques migratoires. De novembre dernier à fin janvier, le MPC a eu la chance d’accueillir Peter Bosch, haut responsable de la Commission européenne familier des milieux de la recherche sur les migrations. Etabli au MPC en tant que chercheur invité par l’IUE, Peter Bosch a activement participé à la réflexion du MPC sur une politique européenne proactive en matière de migration de main-d’œuvre.

La politique migratoire au Centre
Par Peter Bosch, chercheur invité au RSCAS

Les politiques migratoires vont figurer au cœur des priorités de la Commission Juncker qui a démarré ses travaux en novembre dernier. La nomination d’un commissaire en charge de la migration traduit l’ampleur des défis qui nous attendent. L’élaboration d’une politique en matière de migration de main-d’œuvre sera cruciale pour l’avenir de l’UE. L’UE va devoir attirer des travailleurs étrangers qualifiés et talentueux tout en faisant face à un chômage important, en particulier parmi les jeunes, à une reprise économique lente et aux mouvements xénophobes et nationalistes qui montent dans plusieurs États membres. Prendre des mesures pour les nombreux migrants tentant de rejoindre l’Europe en traversant la Méditerranée, trouver une solution pour les quelque 500 000 personnes qui cherchent refuge en Europe tous les ans et mieux intégrer les personnes qui rejoignent les membres de leur famille déjà installés en Europe: telles sont des questions qui touchent tous les citoyens européens. L’Institut universitaire européen contribuera certainement à définir la meilleure voie à suivre. Son président, Joseph Weiler, est décidé à mobiliser les meilleurs atouts de son institut afin d’aider les responsables politiques et les décideurs à faire les bons choix, en fournissant des données et des chiffres et en mettant en évidence la complexité de ces questions dans nos sociétés en constante évolution. Durant mon séjour, mon bureau se trouvait au Migration Policy Centre, où j’ai eu la chance de rencontrer de nombreux chercheurs. J’ai été impressionné par leur dynamisme et leur dévouement. Bon nombre des activités de recherche menées au MPC concernent directement les priorités de l’UE. La compréhension des réalités (migratoires) dans nos pays voisins et dans le monde arabe en général s’inscrit dans les priorités politiques définies par la Haute Représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini. Les travaux de recherche sur la législation relative à la migration, à la migration de main-d’œuvre, au retour, à l’intégration, à la crise des réfugiés syriens, à la réinstallation et aux relations avec d’autres pays tiers tels que l’Inde revêtent une importance capitale et contribuent à l’élaboration de politiques. Je tiens à remercier l’ensemble de l’équipe du MPC et, en particulier, son directeur, Philippe Fargues, pour leur accueil ainsi que pour les connaissances scientifiques et les résultats de recherche impressionnants qu’ils ont partagés avec moi. Ce fut un honneur et un plaisir de travailler à vos côtés.

CONTENTION – CONtrôle de la réTENTION
REDIAL – Dialogue sur le retour (REturn DIALogue)

Conférence finale du projet CONTENTION

La conférence finale du projet « CONTENTION » (CONtrôle de la réTENTION) s’est tenue le 12 décembre 2014 à la Fondation Universitaire, à Bruxelles. Les participants ont abordé les résultats du projet ainsi que leurs implications. Pour consulter le programme de la conférence, cliquez ici.

Avant la conférence finale, les questionnaires rédigés par des experts nationaux en collaboration avec des juges nationaux ont été publiés sur le site du projet CONTENTION. Pour les consulter, cliquez ici. Le rapport de synthèse du projet a également été mis en ligne et est disponible ici.

La conférence a accueilli plus de 80 professionnels, universitaires, fonctionnaires des institutions européennes et représentants d’ONG. Vous trouverez le compte rendu complet de la conférence finale ici.

Lancement du projet REDIAL

Le 11 décembre, des juges et experts nationaux ainsi que l’équipe de coordination se sont réunis afin de donner le coup d’envoi du projet « REDIAL » (Dialogue sur le retour - REturn DIALogue). Basé sur les résultats du projet « CONTENTION », le projet REDIAL ira néanmoins au-delà de la question du contrôle judiciaire de la rétention en vue de l’éloignement pour examiner la mise en œuvre de la directive retour dans les États membres qui l’appliquent.

Le projet CONTENTION est cofinancé par l’Union européenne au titre du Fonds européen pour le retour
Partenaires du projet CONTENTION: le Réseau ODYSSEUS – ULB et le Centre for Judicial Cooperation.

INTERACT
Intégration des migrants en Europe

Étude mondiale en ligne sur les organisations de la société civile travaillant avec et pour les migrants

Des travaux de recherche récents sur la migration ont démontré à quel point il est important de tenir compte des différents acteurs dans les pays d’origine et de destination lorsque l’on analyse l’intégration des migrants. L’étude INTERACT fournit un nouvel outil permettant de se pencher sur l’intégration des migrants. Son originalité réside dans son approche transnationale dans l’étude des organisations de la société civile dans les pays d’origine et de destination, en tant que parties prenantes contribuant à l’intégration des migrants dans les pays de destination de l’UE. L’équipe du projet a récolté plus de 900 réactions de différentes organisations, principalement actives dans les domaines de l’emploi, de l’éducation, des langues et des relations sociales. Leurs réponses nous permettent de mieux comprendre comment elles aident les migrants à s’intégrer au sein de l’UE. Bien que le caractère exploratoire de l’étude ne permette pas d’extrapoler les résultats à l’ensemble des organisations de la société civile, elle met en évidence l’impact des activités de ces acteurs sur l’intégration des migrants, du pays d’origine au pays de destination, ainsi que leur perception des pays d’origine et les politiques mises en œuvre au quotidien afin d’intégrer les migrants dans le pays de destination.

Présentation des résultats de l’étude INTERACT – Conférence finale INTERACT le 27 février 2015 à Bruxelles

Veuillez consulter notre site Internet http://interact-project.eu/publications/ pour trouver les rapports sur les couloirs entre les pays d’origine et les pays de destination, qui apportent un nouvel éclairage sur le rôle des pays d’origine dans l’intégration de certains groupes de migrants en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Pologne, en Espagne, en Suède, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Les résultats du projet seront également présentés lors de la Conférence finale INTERACT qui se déroulera le 27 février 2015 à Bruxelles. La conférence aura pour but de discuter des différentes sphères de coopération entre les pays d’origine et de destination et de l’impact de cette coopération sur l’intégration en Europe, sur la base des résultats du projet INTERACT. La conférence réunira des universitaires, des représentants d’organisations de la société civile et des fonctionnaires des administrations publiques.

Le projet INTERACT est cofinancé par l’Union européenne.

GLMM
Programme sur la migration et les marchés du travail dans le Golfe

Jusqu’en janvier, le programme GLMM a permis de collecter, d’analyser et de publier quelque 450 tableaux et plus de 380 documents juridiques, en particulier sur le Bahreïn, le Koweït, le Qatar et l’Arabie saoudite. De nouvelles données et de nouveaux documents sont publiés toutes les semaines, en particulier pour Oman et les Émirats arabes unis, jusqu’à ce que les dossiers soient aussi complets que ceux des quatre autres pays: http://gulfmigration.eu/glmm-database/. Le site convivial du programme GLMM permet de télécharger en formats PDF et Excel toutes les informations contenues dans les bases de données démographiques-économiques et juridiques, qui peuvent être extraites par le biais d’un vaste éventail d’options de recherche.

Plusieurs documents ont récemment été publiés et d’autres suivront en janvier: http://gulfmigration.eu/publications/.

L’équipe du programme GLMM a organisé un débat sur le thème « Marchés du travail et migration dans les pays du Golfe: défis, chiffres et politiques » lors de la 48e réunion annuelle de la Middle East Studies Association of North America (MESA) qui s’est tenue à Washington, D.C., du 22 au 25 novembre 2014. À cette occasion, quatre rapports de recherche originaux ont été présentés. Pour de plus amples informations, cliquez ici.

L’équipe du programme GLMM organise actuellement un groupe de discussion sur le thème « Migration clandestine vers les pays du Golfe: rôle de la législation, politiques et pratiques », qui se déroulera lors de la 6e Annual Gulf Research Meeting (GRM), du 24 au 27 août 2015 à Cambridge. Pour consulter l’appel à contributions, cliquez ici.

En outre, l’équipe élabore actuellement plusieurs projets de recherche comparative régionale, notamment sur la fécondité et la migration clandestine, et organise des activités de formation et d’analyse des données.

Pour de plus amples informations sur le projet: http://gulfmigration.eu/.

Le programme GLMM est mené en collaboration avec le Gulf Research Centre (GRC) et est financé par l’Open Society Foundations (OSF).

Demo-Inde
Développer une gestion et des opérations basées sur des données factuelles dans le cadre de la migration et du partenariat Inde-UE

Recherche sur le traitement médiatique de la communauté indienne dans la presse européenne

L’équipe du projet Demo-Inde a récemment lancé une nouvelle étude comparative au cours de laquelle une dizaine d’experts externes rédigeront des rapports analysant le traitement médiatique de la communauté indienne dans l’UE.

Les experts externes analyseront en profondeur le contenu des médias de leurs pays, sur des thèmes divers tels que les liens d’affaires, les résultats scolaires des enfants d’origine indienne et l’intégration sur le marché du travail. L’intégration linguistique et culturelle, la criminalité ainsi que la religion et les controverses portant sur les symboles religieux seront également étudiées.

Cette analyse des médias constituera une occasion unique de comparer les différents traitements médiatiques des migrants indiens et de leurs enfants nés dans le pays d’accueil au sein de l’UE, dans un climat social où l’immigration reste un sujet sensible au niveau politique.

En outre, l’étude permettra à l’équipe du projet de dégager les principaux points communs et différences entre les traitements médiatiques, non seulement entre les pays, mais également par rapport à d’autres migrants et minorités.

L’intégration sociale des nouveaux citoyens étant également un aspect essentiel de l’intégration, les traitements médiatiques serviront par ailleurs d’ « épreuve de vérité », étant donné qu’ils permettront vérifier dans quelle mesure la communauté indienne est parvenue à s’intégrer en Europe.

Le projet Demo-Inde est mené en collaboration avec l’Indian Centre for Migration et est cofinancé par l’Union européenne.

 

 

MISMES project
Mesures de soutien aux migrants

Le projet MISMES (mesures de soutien aux migrants dans le domaine de l’emploi et des compétences), mis en œuvre par le MPC en collaboration avec la Fondation européenne pour la formation, touche à sa fin. Après le groupe de travail technique final organisé en septembre à Turin (voir newsletter du MPC d’octobre 2014), les cinq études de cas sur la Moldavie, la Géorgie, l’Arménie, le Maroc et la Tunisie sont en cours de finalisation. Les données collectées dans le cadre de ces études mettent en évidence des différences intéressantes en ce qui concerne les mesures de soutien aux migrants mises en place dans ces pays, comme expliqué dans la note de politique sur les MISMES et les partenariats européens pour la mobilité, rédigée sur la base de ces études.

Les mesures de soutien appliquées dans les pays du partenariat oriental (Moldavie, Géorgie et Arménie) visent généralement à aider les migrants au cours du processus de retour ou consistent en des projets intégrés prévoyant une aide avant le départ, pendant la migration et après le retour (les « MISMES multidimensionnelles »). Par contre, au Maroc et en Tunisie, les MISMES se concentrent généralement sur la phase précédant le départ et, plus particulièrement, sur l’adéquation entre l’offre et la demande d’emploi au niveau international. Le Maroc est, par ailleurs, le seul pays à présenter un nombre relatif de MISMES ciblant le développement et la capitalisation des compétences des migrants. Pour ce qui est des parties prenantes appliquant des MISMES, les gouvernements nationaux sont les principaux acteurs dans ce domaine en Moldavie et au Maroc. En Moldavie, si ces mesures étaient plutôt entreprises par des organisations internationales il y a quelques années, les autorités nationales s’en chargent désormais de plus en plus, probablement en raison de la mise en œuvre du partenariat pour la mobilité depuis 2008. En Géorgie et en Tunisie, les organisations internationales sont toujours les acteurs principaux dans ce domaine (bien qu’elles coopèrent généralement étroitement avec les agences nationales dans le cas de la Tunisie), tandis que les organisations de la société civile nationales et internationales jouent un rôle de premier plan en Arménie.

Le projet MISMES est financé par la Fondation européenne pour la formation (ETF).

ETEM
Expertise thématique externe sur la migration pour la Commission européenne

L’équipe du projet ETEM, mené par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en partenariat avec le MPC, a organisé les deux activités suivantes.

Table ronde sur les réfugiés, les déplacés internes et le développement

Organisée par la Commission européenne le 1er décembre 2014 à Bruxelles, cette table ronde a permis de consulter les États membres de l’UE et les pays tiers au sujet des réfugiés, des déplacés internes et des approches innovantes en matière de déplacement forcé. Cette réunion visait à présenter les réflexions politiques actuelles sur des questions relevant de la compétence de la DG Développement et coopération (DEVCO) et de la DG Aide humanitaire et protection civile (ECHO).

Atelier de formation sur la migration et l’asile en Afrique orientale, centrale et australe

En collaboration avec le Migration Policy Centre, l’Organisation internationale pour les migrations a organisé un atelier à Addis-Abeba du 10 au 12 décembre 2014, dans le cadre du projet d’Expertise thématique externe sur la migration (ETEM) mis en œuvre par les deux organisations pour la Commission européenne (DG DEVCO). L’atelier a rassemblé des fonctionnaires de la délégation de l’UE chargés des questions liées à la migration en provenance d’Éthiopie, d’Érythrée, du Soudan, du Kenya, de Djibouti et du Zimbabwe, ainsi que des fonctionnaires de la DG Home, du Service européen pour l’action extérieure et de la DG DEVCO à Bruxelles, afin d’aborder la coopération extérieure de l’UE dans le domaine de la migration et de l’asile dans la région.

Si la migration en provenance de la région s’avère relativement marginale, du moins en termes globaux, le nombre de réfugiés et de déplacés internes d’Afrique de l’Est est très important, le pays se classant en deuxième position après le Moyen-Orient (voir Figure 1).


Figure 1. Déplacés internes en Afrique centrale et orientale, 2014

En ce qui concerne l’UE, bien que le nombre de nouvelles demandes d’asile dans les États membres reste limité (un peu plus de 60 000 pour l’ensemble de la région en 2014), une forte augmentation a été observée ces quatre dernières années (36 000 en 2011), en particulier en Érythrée qui est devenue le deuxième pays d’où émane le nombre le plus important de demandes d’asile, derrière la Syrie.

Dès lors, les phénomènes étroitement liés aux flux de réfugiés, tels que le passage en fraude et la traite d’êtres humains, ont fait l’objet de discussions approfondies, sans oublier la Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique (Convention de Kampala), un texte sans précédent. L’atelier a également été consacré aux questions relatives à la migration et au développement ainsi qu’à l’élaboration de politiques permettant de gérer efficacement la migration de main-d’œuvre et de faciliter la libre circulation des personnes au sein de la région par le biais de processus d’intégration régionale, comme le Protocole sur le marché commun de la Communauté d'Afrique de l'Est (2010). Ce protocole progresse vers un permis de travail harmonisé et la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles et universitaires parmi les États membres. Citons également le Protocole en vue d'une libre circulation des personnes dans la Communauté de développement d'Afrique australe (2005), qui n’a pas encore été ratifié. Enfin, les participants ont discuté de la participation des délégations de l’UE dans la région au développement et à la mise en œuvre du processus de Khartoum (initiative sur la route migratoire UE-Corne de l'Afrique), un dialogue politique sur la migration interrégionale lancé lors de la Conférence ministérielle organisée quelques jours plus tôt à Rome, le 28 novembre.

Le projet ETEM est financé par l’Union européenne.

Syrianrefugees.eu

Il y a deux ans, en janvier 2013, le MPC a créé, en collaboration avec une équipe de journalistes, Syrianrefugees.eu, un site Internet suivant de près les solutions mises en œuvre par l’UE face à la crise et mettant en avant les récits de ceux qui ont trouvé refuge dans les pays voisins et en Europe. À l’automne 2014, le site a été considérablement amélioré: il propose désormais des entretiens vidéo sur la crise ainsi que des statistiques à jour sur les demandeurs d’asile syriens en Europe et les fonds consacrés à l’aide humanitaire. En outre, deux nouvelles sections comprenant de riches contenus multimédias sur les réfugiés en Suède et en Bulgarie ont été créées.